La sophrologie
« Il ne suffit pas d’être en vie, il faut être vivant. C’est-à-dire savoir à chaque instant qu’on est au cœur d’un prodige et être en contact, en harmonie avec lui. »
René Barjavel
Pour mieux se connaître, se transformer et devenir la personne que l’on souhaite être, la première action qu’il faut entreprendre, c’est la prise de conscience de soi au travers de ses sensations corporelles. Mieux se connaître, c’est aussi une étape incontournable pour avancer vers un état de bien-être durable et une existence plus lumineuse.
C’est là ce que nous propose la sophrologie, qui est un véritable outil de découverte de soi, et plus globalement de développement personnel.
Qu’est-ce que la sophrologie ?
La sophrologie, c’est la pédagogie du bonheur.
A. CaycedoA.Caycedo
Méthode psychocorporelle, la sophrologie nous invite à explorer notre univers intérieur pour une meilleure connaissance de nous-mêmes. En nous centrant sur celui-ci, nous pouvons nous engager dans une démarche de développement personnel, en procédant à des modifications subtiles mais profondes qui impactent positivement le corps, l’esprit et restaurent l’équilibre entre ces deux dimensions. Nous laissons ainsi naître en nous une nouvelle manière de nous manifester au monde, plus authentique, plus positive, plus sereine.
La sophrologie est une approche douce, exclusivement verbale, et donc non tactile. Respectueuse de l’être et non confrontante, elle permet de soulager les maux physiques et psychiques sans avoir besoin d’en faire l’introspection. Son impact positif est global, puisqu’elle agit sur le corps, le mental et l’émotionnel.
Grâce à son accessibilité et à son adaptabilité, la sophrologie s’adresse aux plus petits comme aux plus grands, et à tous les types de personnalités. Chacun, à son niveau, trouvera des outils efficaces pour faire face à un changement, rebondir devant une difficulté, soulager certains symptômes chroniques (douleurs diffuses, fatigue, acouphènes) ou tout simplement enrichir son existence.
La sophrologie est une démarche que chacun peut s’approprier à son rythme et en fonction de ses besoins, pour poser un regard différent sur sa vie quotidienne. Pour qu’elle porte ses fruits, elle nécessite de pratiquer régulièrement : cela permet de révéler son efficacité dans le cheminement de chacun. En répétant ainsi, on devient progressivement autonome pour mobiliser ses propres ressources lorsque le besoin s’en fait ressentir. Au travers de son accompagnement, le sophrologue nous amène à prendre conscience de notre relation au stress et à nos émotions pour en développer leur maîtrise, ainsi que de notre confiance en nous pour permettre son intégration au quotidien.
Quelles sont les origines et les fondements de la sophrologie ?
La sophrologie fut créée en 1960 par Alfonso Caycedo, neuropsychiatre espagnol d’origine colombienne. Elle se base sur des techniques de l’hypnose, de la relaxation, de la psychologie positive et de la phénoménologie existentielle.
En 1965, intrigué par les descriptions faites de la conscience humaine dans les ouvrages de Yoga, Alfonso Caycedo décide d’entreprendre un voyage de trois ans en orient auprès de grands maîtres indiens, tibétains et zens. Il y étudie les différents états de la conscience, ainsi que les effets de ses pratiques sur celle-ci.
À son retour de ce périple, pour approfondir sa méthode, Alfonso Caycedo a l’idée d’unir des techniques ancestrales d’orient (concentration, contemplation, méditation) aux procédés d’occident qu’il utilisait jusqu’alors.
Au début de sa création la sophrologie est mise en pratique dans les milieux hospitaliers avant de s’adresser à un public plus large à la fin des années 70 : social, éducatif, sportif, préventif.
Quelles peuvent être les bénéfices d’une pratique régulière de la sophrologie ?
La sophrologie active, au fil de sa pratique, l’émergence d’une conscience harmonieuse dans le quotidien. Cette harmonie se concrétise au travers de quatre principaux bienfaits :
Développer une plus grande connaissance de soi. En devenant plus conscient de nous-mêmes et de notre vie intérieure, nous nous relions davantage à nos sensations, pensées, émotions, valeurs, besoins.
Retrouver un état naturel d’équilibre et de bien-être. En nous libérant des tensions inutiles, en permettant à notre corps et à notre esprit de retrouver leur juste place et leur juste équilibre, en favorisant leur union, nous apprenons à vivre d’une autre façon, à faire de la place pour la nouveauté.
Stimuler nos capacités pour renforcer nos compétences personnelles et professionnelles. Nous apprenons à être sujet de notre corps et de notre esprit, et non plus objet de ces derniers (nous ne les subissons plus), ce qui nous offre la possibilité de mieux gérer les évènements de notre vie.
Renforcer nos émotions agréables, nos attitudes et nos valeurs positives pour redonner du sens à notre existence, et s’ouvrir à de nouvelles possibilités.
Le fil conducteur de cette méthode est d’apprendre à poser un regard nouveau sur ce que nous sommes en train de vivre. Dans cet objectif, le docteur Alfonso Caycedo s’appuie sur la phénoménologie existentielle (philosophie occidentale) pour proposer une méthodologie qui nous permet d’accueillir ce qui apparaît spontanément à la conscience avec bienveillance, sans jugement, sans à priori, pour vivre pleinement l’instant présent avec les sensations qui y sont associées.
Quelles sont les techniques et les approches que la sophrologie utilise ?
Dans l’optique d’harmoniser le corps et l’esprit, la sophrologie combine :
Des exercices variés de relaxation dynamique (mouvements corporels rythmés avec la respiration) pour libérer les tensions musculaires et mentales, renforcer la prise de conscience du schéma corporel et des sensations physiques, et des techniques de relaxation statique, plus spécifiques (exercice de respiration, contemplation, méditation, visualisation de contextes positifs et structurants, suggestion mentale positive) qui ciblent des besoins particuliers.
L’approche phénoménologique, une philosophie occidentale qui prône le positif de l’existence. Elle vise à apprendre à poser un regard nouveau sur le passé, le présent et le futur. Ce nouveau regard se construit grâce à une ouverture au non-jugement et à l’acceptation bienveillante de ce qui émerge en nous dans l’instant présent. La sophrologie a adapté cette approche pour orienter notre conscience vers notre “intériorité”, sans juger, sans comparer, sans interpréter ; une mise entre parenthèses favorisant le plein vécu de l’instant présent, et la venue des “phénomènes” (sensations, images, pensées, émotions, valeurs…) : ce qui apparaît, ce qui se présente à la conscience. Ils sont uniques pour chacun.
Cette attitude nous permet de mieux décrire ce que nous percevons, nous ressentons. Cela nous conduit à poser un nouveau regard, ayant plus de sens, sur nos comportements et nos valeurs.
L’approche centrée sur la personne : le sophrologue s’intéresse à la façon dont la personne vit les situations au niveau des paroles, des ressentis, des actions et des souhaits.
La sophrologie se pratique debout, ou assis, et plus rarement allongé pour éviter l’endormissement, à la lumière ambiante, généralement les yeux fermés, ce qui place le sujet dans un niveau de vigilance particulier, et favorise un travail sur soi-même. En effet, une fois relaxée, la personne peut plus facilement activer ses ressources pour en disposer à tout instant pour gérer son quotidien.
En sophrologie, nous partons du principe que toute personne possède les ressources et les capacités intrinsèques pour changer favorablement. Dès lors, le sophrologue se donne pour mission de rendre le sujet libre, responsable, et acteur de son existence. Ainsi, une fois les techniques assimilées, il peut s’entraîner en toute autonomie en fonction de sa motivation, de ses besoins et de son temps disponible.
Il est important de prendre conscience que choisir de se donner du temps est un premier pas sur le chemin de la réalisation de soi. C’est tout particulièrement dans ces moments de libre choix que la conscience s’ouvre et s’élargit pour nous guider.
Sur quelle faculté de l’humain repose la sophrologie ?
La sophrologie s’appuie sur la faculté que possède tout être humain de pouvoir changer naturellement de niveau de conscience pour agir sur différentes problématiques physiques, psychiques ou émotionnelles.
Le docteur Alfonso Caycedo a identifié trois niveaux de conscience que sont le sommeil, la veille, ainsi qu’un état intermédiaire entre la veille et le sommeil qu’il a appelé le niveau sophroliminal. Il s’agit d’un état dans lequel nous sommes parfaitement conscients, sensibles aux stimuli extérieurs tout en étant dans un état agréable de détente corporelle et mentale. C’est le niveau de conscience privilégié en sophrologie puisque que c’est dans celui-ci que nous sommes le plus présents à nous-mêmes, la perception et l’intégration des sensations corporelles y sont meilleures, l’esprit y devient plus créatif, l’activation des capacités et de la pensée positive y est également plus propice, la conscience s’y enrichit ainsi de nouvelles expériences.
Pour accéder au niveau sophroliminal, le sophrologue utilise les techniques de relaxation pour induire une détente corporelle et psychique, base indispensable pour entreprendre un travail sophrologique.
Comment la sophrologie se distingue de la relaxation, du yoga, de la psychologie, et de l’hypnose ?
La sophrologie se différencie :
D’une séance de relaxation, dont l’objectif est la détente physique et psychique. En sophrologie, la détente n’est pas une fin en soi mais un support pour agir sur la conscience. Son objet est d’être présent à soi-même pour vivre ce qui se passe en soi et activer ses capacités, ses attitudes positives, ses émotions agréables.
De la pratique du yoga, pendant laquelle le travail est axé sur des postures parfois exigeantes demandant une certaine souplesse. Les mouvements pratiqués en sophrologie sont très simples, doux et accessibles à tous.
D’un soin énergétique qui favorise la transmission d’une énergie guérisseuse. La sophrologie invite la personne à se centrer sur ses propres ressources pour être actrice et responsable de son bien-être.
De l’hypnose qui privilégie une posture statique et des techniques d’induction pour faciliter la communication avec l’inconscient. La sophrologie propose différentes postures ainsi que des mouvements alliés avec la respiration, et des moments de repos pour travailler sur la conscience. Elle incite à ressentir et à expérimenter à travers le corps.
De la méditation de pleine conscience qui plonge la personne dans le moment présent, en connexion avec les sensations et les émotions qui s’y rattachent. Bien que la sophrologie ouvre la conscience sur l’instant présent, elle propose des voyages dans le temps avec une immersion dans les expériences passées ou les projets futurs.
D’une séance de psychologie qui cherche à expliquer des comportements ou à comprendre quelles sont les causes d’une souffrance, d’une difficulté vécue. La sophrologie invite à porter l’attention sur les sensations corporelles dans l’instant présent, et donne des outils pour les accueillir et les accepter tout en activant des émotions et pensées positives. Elle laisse le vécu de chaque personne parler pour elle-même.
À noter que la sophrologie se veut apolitique et laïque.
Comment la sophrologie définit la conscience ?
D’une manière générale, la sophrologie est un chemin qui nous initie à l’ouverture de notre conscience, qu’elle considère comme une force ou une énergie qui nous anime.
Ce travail permet d’accéder à la conscience de soi (capacité à se percevoir, s’identifier et se ressentir), nous rendant plus présents à nous-mêmes, nous autorisant à mieux nous connaître et à donner du sens à notre existence.
La conscience est un processus dynamique qui s’enrichit tout au long de notre vie. Une conscience qui s’ouvre et grandit nous aide non seulement à entrer plus facilement en contact avec notre monde intérieur, mais aussi extérieur : sous son impulsion, nous tissons des liens plus stables, plus forts avec les êtres et les choses qui nous entourent.
Le code de déontologie
La sophrologie n’étant pas une médecine ou une thérapie, elle ne remplace pas un diagnostic médical, un acte médical, une prescription ou un suivi psychologique.
Elle apporte, en revanche, un soutien bénéfique à la prise en charge médicale classique, puisqu’elle s’appuie sur la tendance innée de l’être humain à vouloir se développer pour se réaliser. De plus, il n’existe pas d’effets secondaires connus relatifs à la pratique de la sophrologie. Sans effet néfaste pour la santé, elle peut donc se pratiquer très régulièrement à la manière d’un rituel qui participe au développement personnel et au bien-être.
Il est important de savoir que la sophrologie ne peut pas être utilisée, sauf par un psychiatre ou un psychologue, dans la prise en charge de troubles psychiatriques majeurs (dépression sévère, bipolarité, schyzophrénie, etc ….).
Enfin, le sophrologue est tenu au secret professionnel, sauf dans le cas d’un soupçon de danger majeur pour le patient ou pour autrui.
Les quatre principes sur lesquels se base la sophrologie
La sophrologie repose sur les quatre principes suivants :
Le principe du schéma corporel comme réalité vécue
En sophrologie, le schéma corporel est la représentation que la personne a d’elle-même. Cette représentation de soi est en perpétuel mouvement, elle englobe l’enveloppe physique (le corps), ainsi que notre histoire personnelle et son contenu affectif, émotionnel, ses facteurs sociaux et culturels. Le schéma corporel fait la liaison entre le corps et le monde extérieur.
La pratique de la sophrologie nous offre un accès à ces différentes dimensions qui font partie intégrante de nous-mêmes. Au fur et à mesure des pratiques, notre corps mobilisé produits des phénomènes dans la conscience (ce qui apparaît), ce qu’elle nous restitue instantanément. Cette mobilisation favorise l’intégration de notre schéma corporel dans notre conscience. Une intégration qui donne accès au sentiment « d’être bien dans sa peau ».
Le principe d’action positive
Toute action positive dirigée vers la conscience se répercute positivement sur tous le mental et les émotions.
La sophrologie est l’école du positif, puisqu’elle nous permet de travailler sur l’activation du positif. Il est démontré qu’une action positive engendre un ressenti positif, qui donne naissance à une pensée positive, qui elle-même amène à effectuer une action positive. Ce principe vertueux nous aide, dans notre quotidien, à activer nos capacités et nos ressources, et à ainsi accéder à plus d’équilibre et plus d’harmonie.
Le principe de la réalité objective
La réalité objective s’attache à la personnalité de l’individu, qui doit comprendre et percevoir son propre état de conscience pour en tenir compte face à celui de son interlocuteur.
Ce principe incite à percevoir les personnes et les évènements en prenant de la distance, permettant ainsi de poser un regard bienveillant et sans jugement sur les situations. Cette prise de recul est utile pour percevoir objectivement ce que nous vivons, sans le transformer par nos interprétations, et pour ainsi s’adapter de manière la plus appropriée aux situations.
Le principe d’adaptabilité
Le sophrologue doit s’adapter à la réalité de ses patients. Il réalise des protocoles ajustés aux besoins et aux possibilités des pratiquants. Cet ajustement est proposé dans les positions, les mouvements et les visualisations. Les pratiquants sont libres d’adapter les exercices s’ils le souhaitent.
Le bien-être en chemin
Delphine Gusching, sophrologue agréée ASCA